Cours sur la versification
La versification française
La versification est l’ensemble des règles qui régissent la poésie.
En général, toutes les syllabes doivent être comptées sauf :
- la dernière syllabe d’un vers si elle est terminée par un e muet.
- quand un e muet est immédiatement suivi d’une voyelle dans le vers.
Un vers composé de 6 syllabes est un hexamètre ou hexasyllabe.
Un vers composé de 8 syllabes est un octosyllabe.
Un vers composé de 10 syllabes est un décasyllabe.
Un vers composé de 12 syllabes est un alexandrin.
On peut aussi trouver des vers impairs, comme l’heptasyllabe (7 syllabes) ou l’ennéasyllabe (9 syllabes), notamment chez Paul Verlaine.
Exemples :
- Pierre de Ronsard : octosyllabes
Mi / gnonne, / al / lons / voir / si / la / rose
Qui / ce / ma / tin / a / voit / des / close
- Arthur Rimbaud, Le dormeur du Val :
C'est / un / trou / de / ver / dure / où / chante / un / e / riv / ière,
- Paul Verlaine : hexasyllabes
Il / pleu / re / dans / mon / coeur
Comm/e il / pleut / sur / la / ville ;
Il s’agit d’un ensemble de vers séparé des autres par un espace. Les strophes peuvent être de différentes longueurs :
Nombre |
Nom de la strophe |
Nombre |
Nom de la strophe |
2 |
distique |
6 |
sizain |
3 |
tercet |
8 |
huitain |
4 |
quatrain |
10 |
dizain |
5 |
quintil |
|
|
3. Les rimes
Une rime est la répétition d’un même son à la fin d’un vers.
a) La disposition des rimes
Les rimes embrassées : ABBA
Les rimes plates ou suivies : AABB
Les rimes croisées : ABAB
b) La longueur des rimes
Les rimes pauvres : on ne répète qu’un seul son (bon / son)
Les rimes suffisantes : on répète 2 sons (bouton / bâton)
Les rimes riches : on répète 3 sons ou plus (bonjour/toujours : 3 sons) (humides/timide : 4 sons)
c) Les rimes peuvent être féminines (terminées par un e muet) ou masculines (les autres)
4. Le rythme
a) La césure
Une césure est une pause dans un vers. Une des plus utilisées est la césure à l’hémistiche dans l’alexandrin : elle sépare le vers en deux moitiés égales ou hémistiches (du grec hémi : moitié et stiche : vers).
b) Les répétitions de sons
- L’assonance : répétition d’un même son voyelle
- L’allitération : répétition d’un même son consonne
c) Les propositions dans le vers
- L’enjambement : la proposition commencée dans un vers continue dans le suivant
- Le rejet : on rejette au vers suivant un mot ou un court groupe de mots de la proposition
- Le contre-rejet : un mot ou un court groupe de mots est seul en fin de vers alors que le reste de la proposition est au vers suivant.
d) La diérèse : on prononce une diphtongue en 2 temps (li-on) pour les besoins du vers.
NB : il existe également des poèmes en vers libres qui ne respectent plus forcément ces règles, notamment au XXe siècle.
Exemple : Ronsard, Amours de Marie, 1556.
Comme on voit sur la branche, au mois de mai, la rose,
En sa belle jeunesse, en sa première fleur,
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l'aube, de ses pleurs, au point du jour l'arrose;
La Grâce dans sa feuille, et l'amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d'odeur;
Mais, battue ou de pluie ou d'excessive ardeur,
Languissante, elle meurt, feuille à feuille déclose;
Ainsi, en ta première et jeune nouveauté,
Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,
La Parque t'a tuée, et cendre tu reposes.
Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,
Afin que, vif et mort, ton corps ne soit que roses.
- Ce texte est un sonnet : il est composé de 4 strophes (2 quatrains et 2 tercets) en alexandrins. Le vers 2 comporte une césure à l'hémistiche :
- Dans les quatrains, les rimes sont embrassées (rose/fleur/couleur/arrose) et dans les tercets elles sont composées de deux rimes suivies ou plates puis de rimes embrassées.
- Les rimes des vers 1, 4, 5... sont féminines ; celles des vers 2, 3, 6... sont masculines.