Jules César

Publié le par C. Bacon

Caius Julius Caesar (-100 ; -44)

 


 

Introduction

Caius Julius Caesar est un des personnages les plus connus de l'histoire de l'Humanité. Il a vécu au Ier siècle avant J.-C. et a été un grand général (conquête des 3 Gaules), un homme politique de premier plan (plusieurs fois consul et dictateur), un très grand orateur et un écrivain reconnu ( Commentaires de la guerre des Gaules et de la guerre civile). De plus, il était très cultivé, parlait couramment grec ; c’était aussi un très grand séducteur.


 

La famille de César

César est né à Rome dans une très vieille famille de patriciens, la gens Iulia, qui prétend faire remonter ses origines à Iule, le fils d’Enée. Son cognomen vient d'un de ses ancêtres, Lucius, qui a combattu lors des guerres puniques où il aurait tué un éléphant (césar en punique) ; c'est pour cela que César a fait représenter un éléphant sur certaines monnaies.

Son oncle n'est autre que Marius, le vainqueur de Jugurtha, consul pour la 6e fois lors de la naissance de Jules. Les Iulii ont choisi le parti des populares et luttent pour les droits du peuple.

 

Le début de sa carrière

Au début de sa carrière sénatoriale, il évolue prudemment, attend l’âge légal pour atteindre les différents étapes du cursus honorum même si on le soupçonne d’intervenir souvent en coulisses (comme dans la conjuration de Catilina par exemple). Il aide à plusieurs reprises Cnaeus Pompeius Magnus qui est son allié avant de devenir son adversaire. Il lui donnera en mariage Julia, sa fille unique.

 

Le triumvirat

En –60 et –56, il conclut avec Pompée et Marcus Licinius Crassus un accord secret par lequel ils se succéderont au pouvoir (ils seront consul à tour de rôle) : le triumvirat. Ainsi, César est consul en 59. À la mort de Crassus, l’équilibre est rompu entre les trois hommes et César et Pompée s’affrontent.

 

La guerre des Gaules (58-52)

En 58, César obtient le gouvernement des Gaules transalpine et Cisalpine, ce qui lui permet de se lancer dans la conquête des Trois Gaules pour obtenir la gloire militaire et rivaliser avec Pompée. La guerre se termine par la victoire d’Alésia sur Vercingétorix. César est le premier à mettre un pied en Bretagne (GB) en 55 et 54. Il rend compte de cette campagne dans son ouvrage Les commentaires sur la Guerre des Gaules qui est aussi un outil de propagande.

 

Les débuts de la guerre civile

Pendant la guerre des Gaules, Pompée a renforcé son influence sur le Sénat à Rome. César, toujours en Gaule, veut se présenter aux élections de 49 pour devenir consul mais il doit pour cela licencier son armée et rentrer à Rome. Il demande l’autorisation de se présenter aux élections « à distance » car il craint qu’une fois son armée licenciée, il se fasse rapidement « éliminer ». Le 1er janvier 49, le Sénat, poussé par Pompée, déclare César ennemi public. Le 12 janvier, César franchit avec ses troupes le petit fleuve qui marque la limite de sa province alors qu’il n’a pas le droit de la passer avec son armée : il fait donc un coup d’état : Alea jacta est (les dés sont jetés, ou en grec : « Ανερρίφθω κύβος. »

 

Pompée prend peur et s’enfuit de Rome : il passe en Grèce où César le suit et le bat à Pharsale en 48. Pompée se rend ensuite en Egypte ou il est assassiné par le roi Ptolémée. César arrive à son tour en Egypte pour venger la mort de son ennemi : il chasse Ptolémée du trône et met à sa place sa sœur Cléopâtre avec laquelle il a une liaison (et sans doute un enfant, Césarion)

 

Le retour à Rome

En 47, César mène une campagne éclair contre le roi du Pont, Pharnace, qu’il bat à Zéla ; sur le char qui rappelle cette victoire lors de son triomphe, César a fait inscrire : Veni, Vidi, Vici (je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu).

César rentre à Rome où il triomphe 5 fois. Il se obtient de plus en plus de pouvoirs et d’honneurs (on rebaptise le septième mois de l’année Juillet en l’honneur de sa naissance…) et est nommé dictateur à vie en février 44, au mépris des institutions républicaines. Il entreprend de nombreuses réformes en faveur du peuple (les institutions, le calendrier, la fiscalité, des distributions de terres aux vétérans, il accorde largement la citoyenneté romaine…).

 

Sa mort

À plusieurs reprises, Suétone rapporte des épisodes où César aurait semblé vouloir devenir roi. Cela ajouté à ses nombreuses réformes qui n’ont pas plu à de nombreux sénateurs aurait été à l’origine de la conjuration d’une trentaine de sénateurs, au nombre duquel son « fils » Brutus.

Aux Ides de mars 44 (le 15), et malgré les nombreux avertissements lancés par les dieux, César se rend au Sénat. On écarte Marc Antoine. Sous prétexte de lui poser une question, des sénateurs l’entourent et le tuent en le frappant d’un coup de poignard (35 au total) en pleine séance du sénat. A la vue de Brutus qui s’approche pour le frapper, César dit : toi aussi mon fils (tu quoque, fili ou en grec και συ τεκνε).

 

Le sénat décrète l’amnistie générale pour les meurtriers afin d’éviter une guerre civile mais Marc Antoine suscite une émeute populaire lors des funérailles de César dont le bûcher est dressé sur le forum.  On rendra ensuite un culte à César qui accède au rang des dieux, comme l’a montré l’étoile chevelue (la comète) observée à ce moment là : l’âme de César qui rejoint les dieux.

Lucain, Pharsale, IX

 

On lui présente la tête de Pompée

Bientôt un satellite de Ptolémée, chargé de ses affreux présents, s'avance en pleine mer, il porte la tête de Pompée couverte d'un voile, et avant de l'offrir, sa bouche, exécrable commence par faire valoir le crime de son maître : "Vainqueur de la terre ! Ô vous, le plus grand des Romains ! et, ce que vous ne savez point encore, maître paisible et de Rome et du monde, puisque Pompée ne vit plus, le roi du Nil vous assure le prix de vos travaux, et sur la terre et sur les mers. Il vous présente ce qui manquait seul à votre victoire de Pharsale. En votre absence, il a terminé pour vous la guerre civile. Pompée cherchant à réparer les pertes qu'il avait faites dans la Thessalie, est venu tomber sous nos coups. C'est à ce prix, César, que Ptolémée vient d'acheter votre faveur. C'est d'un tel sang qu'il a voulu cimenter son alliance avec vous. Recevez sous vos lois le royaume d'Égypte sans qu'il vous coûte un seul de vos soldats ; acceptez l'empire du Nil ; acceptez tout ce que vous donneriez pour la tête de Pompée, et regardez comme le plus fidèle de vos clients celui à qui les destins ont permis d'exécuter un si grand coup. Ne croyez pas, César, qu'il ne soit d'aucun prix parce qu'il a été facile. L'aïeul du jeune prince était lié avec Pompée des nœuds de l'hospitalité ; son père lui devait sa couronne. Que vous dirai-je de plus ? Vous donnerez vous-même un nom au service qu'il vous a rendu ou vous attendrez que l'univers le nomme. Si c'est un crime, vous avouerez que le mérite en est plus grand, puisqu'on vous en a épargné le reproche. "

Après ce discours, il découvre et présente à César la tête de Pompée. La mort avait déjà changé ses traits. César eut peine à le reconnaître.

 

Sa feinte indignation en recevant ce présent

Ce ne fut point à la première vue qu'il rejeta cet horrible présent et qu'il en détourna les yeux : ses regards s'y attachèrent pour s'en assurer, mais lorsqu'il eut vérifié le crime et qu'il put, sans danger, paraître sensible et généreux, il répandit quelques larmes que la douleur ne faisait point couler,  et du fond d'un cœur satisfait, il fait sortir des plaintes simulées. Il ne fallait pas moins pour déguiser sa joie que tous les signes de la douleur. Par là, il dérobe au tyran du Nil le mérite de son forfait, et les larmes qu'il répand sur la tête de Pompée le dispensent de la payer. Lui qui sans changer de visage avait foulé aux pieds les corps des sénateurs, et qui d'un oeil sec avait vu les champs de Pharsale, il n'osa refuser à Pompée des gémissements et des pleurs. Ô César ! tu as fait une guerre implacable à celui que tu devais pleurer ! Non, ce n'est pas ton alliance avec Pompée qui te touche ; ce n'est pas le souvenir de ta fille et de ton petit-fils : tu sais que Pompée était cher aux peuples, et tu espères que tes regrets les rangeront sous tes drapeaux. Peut-être aussi es-tu indigné qu'un autre que toi ait osé disposer de sa vie et qu'on l'ait dérobé au triomphe de son superbe vainqueur. Mais quel que soit le sentiment qui t'arrache des larmes, il est bien éloigné d'une piété véritable ; et ce n'était pas pour le sauver que tu le cherchais avec tant d'ardeur et sur la terre et sur les mers. Oh ! qu'il est heureux que la mort te l'ait enlevé ! Quelle honte la Fortune a épargnée à Rome en ne lui donnant pas le spectacle de César pardonnant à Pompée!

César ne laissa pas de soutenir par ses paroles les apparences de sa douleur : "Va, traître ! emporte loin de mes yeux, dit-il, ces dons funestes de ton roi ! Votre crime est encore plus grand envers César qu'envers Pompée. Vous m'enlevez le seul prix, le seul avantage de la guerre civile, celui de sauver les vaincus. Si la sœur de Ptolémée ne lui était pas odieuse, je le payerais comme il le mérite : je lui enverrais en échange ta tête, ô Cléopâtre. Qui lui a permis de mêler à mes victoires des trahisons et des assassinats ? Est-ce pour lui donner sur nous le droit du glaive que nous avons combattu dans la Thessalie ? L'avons-nous rendu l'arbitre de nos jours ? Ce pouvoir que je n'ai pas voulu partager avec Pompée, souffrirai-je que Ptolémée ose l'exercer avec moi ? En vain tant de peuples armés seraient entrés dans nos querelles, s'il restait dans l'univers d'autre puissance que César et si la terre avait deux maîtres. Je quitterais dès ce moment ce rivage que je déteste, sans le soin de ma renommée, qui me défend de laisser croire que je vous fuis par crainte plutôt que par indignation. Et ne croyez pas que je me trompe à ce que vous faites pour le vainqueur : l'accueil qu'a reçu Pompée en Égypte m'était préparé, et si ce n'est pas ma tête que tu portes à la main, je ne le dois qu'au bonheur de mes armes en Thessalie. Le péril était bien plus grand que je ne croyais dans cette journée ! Je ne craignais pour moi que l'exil, la colère de Pompée, le ressentiment de Rome, et je vois que le glaive de Ptolémée m'attendait si j'avais fui. Cependant je veux bien pardonner à son âge, et ne pas punir sa faiblesse du crime qu'on lui a suggéré. Mais qu'il sache que le pardon est tout le prix qu'il en peut attendre. Vous, ayez soin d'élever un bûcher, où la tête de ce héros se consume, non pas afin que votre crime soit à jamais enseveli, mais afin que son ombre soit apaisée. Sur un tombeau digne de lui, portez votre encens et vos vœux. Recueillez ses cendres dispersées sur ce rivage, et donnez un asile à ses mânes errants. Que du sein des morts, il s'aperçoive de l'arrivée de son beau-père, et qu'il entende les regrets que ma piété donne à son trépas. En préférant  tout à César et en aimant mieux devoir la vie à son client d'Égypte, il a dérobé un beau jour au monde. L'exemple et le fruit de notre réconciliation est perdu. Les dieux ne m'ont point exaucé, puisqu'ils n'ont pas permis, ô Pompée, que jetant mes armes victorieuses et te recevant dans mes bras, je t'aie conjuré de reprendre pour moi ton ancienne amitié et que je t'aie demandé pour toi-même la vie ; satisfait, si par mes travaux, j'avais mérité d'être ton égal, alors, dans une paix sincère j'aurais obtenu de toi de pardonner ma victoire aux dieux, et tu aurais obtenu que Rome me l'eût pardonnée à moi-même."

 

Nul ne croit à ses regrets

Quelque touchantes que fussent ces paroles, aucun de ceux qui l'écoutaient ne mêla ses larmes aux siennes. Ils renferment tous leur douleur, ils la déguisent sous l'apparence de la joie, et d'un air satisfait, ô douce liberté ! ils regardent le crime atroce dont César paraît affligé.

 

Antoine devant le corps de César

Discours de Brutus, Shakespeare, Jules César, III


BRUTUS
Soyez patients jusqu'au bout... Romains, compatriotes et amis, entendez-moi dans ma cause, et faites silence afin de pouvoir m'entendre. Croyez-moi pour mon honneur, et ayez foi en mon honneur, afin de pouvoir me croire. Censurez-moi dans votre sagesse, et faites appel à votre raison, afin de pouvoir mieux me juger. S'il est dans cette assemblée quelque ami cher de César, à lui je dirai que Brutus n'avait pas pour César moins d'amour que lui. Si alors cet ami demande pourquoi Brutus s'est levé contre César ; voici ma réponse : Ce n'est pas que j'aimasse moins César, mais j'aimais Rome davantage. Eussiez-vous préféré voir César vivant et mourir tous esclaves, plutôt que de voir César mort et de vivre tous libres ? César m'aimait, et je le pleure, il fut fortuné, et je m'en réjouis ; il fut vaillant, et je l'en admire ; mais il fut ambitieux, et je l'ai tué ! Ainsi, pour son amitié, des larmes ; pour sa fortune, de la joie ; pour sa vaillance, de l'admiration ; et pour son ambition, la mort ! Quel est ici l'homme assez bas pour vouloir être esclave ! S'il en est un, qu'il parle, car c'est lui que j'ai offensé. Quel est ici l'homme assez grossier pour ne vouloir pas être Romain ? S'il en est un, qu'il parle ; car c'est lui que j'ai offensé. Quel est l'homme assez vil pour ne pas vouloir aimer sa patrie ? S'il en est un, qu'il parle ; car c'est lui que j'ai offensé... J'attends une réponse.
 

Pour rire, mais le contenu est sérieux !

Publié dans Latin, Langues anciennes

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