Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves

Publié le par C. Bacon

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Vous trouverez dans cet article des éléments d'introduction à la lecture du roman et une série d'enregistrements de lecture commentée du texte (en cours de réalisation) pour vous permettre de bien comprendre le roman.

 

Eléments d'introduction
 
Mme de Lafayette : Marie-Madeleine Pioche de la Vergne, comtesse de Lafayette (1634-1693) 
- issue d’une famille de petite noblesse mais riche, elle reçoit une bonne éducation, c'est une femme cultivée

- à 16 ans, elle devient demoiselle d’honneur de la reine Anne d’Autriche : elle évolue donc à la Cour de Louis XIV

- à 21 ans, elle épouse le comte de Lafayette, beaucoup plus âgé ; ils vivent la plupart du temps séparés, elle à Paris, lui en Auvergne

- elle est très proche de Madame, la belle-sœur du Roi, et de Mme de Sévigné (auteur de lettres célèbres) : elle évolue donc à la cour, mais fréquente aussi d’autres auteurs comme La Rochefoucault, (Maximes), Segrais (Nouvelles françaises) et Ménage

Ses oeuvres : en 1662, parution de la nouvelle La Princesse de Montpensier, anonyme ; en 1669 et 1671, sous le nom de Segrais, parution de Zaïde, un roman héroïque ; en 1678, La Princesse de Clèves, publié sans nom d’auteur, connaît un grand succès. Parution à titre posthume d’une autre nouvelle, La Comtesse de Tende. 

Madame de Lafayette n’a publié aucun de ses textes sous son nom ; dans une lettre, elle a même dit qu’elle n’était pas l’auteur de La Princesse de Clèves. Même s’il est probable que ce roman ait été travaillé avec ses amis de l’époque, La Rochefoucauld, Ménage et Segrais, on retrouve bien l’écrivain de La Princesse de Montpensier. A l’époque, il pouvait être mal vu qu’une aristocrate soit un auteur, c’est-à-dire qu'elle exerce un métier, surtout pour le genre romanesque, considéré comme frivole.  
 
La Princesse de Clèves : roman ou nouvelle historique ?
La Princesse de Clèves est un court roman (surtout si on le compare aux très longs romans de l'époque), en 4 parties, lié au genre des nouvelles historiques de l’époque dans lesquelles l’histoire n’est pas l’occasion de parler de ses grands héros mais plutôt de galanterie (intrigues amoureuses). 
La nouvelle historique : à cette époque, pour tout genre sérieux (roman ou théâtre), les personnages doivent être nobles et prestigieux. La Princesse de Clèves est donc entourée de personnages historiques et évolue dans une histoire récente (la cour des Valois, sous le règne de Henri II, 1547-1559), ce qui rend l’intrigue vraisemblable. L’auteur traite son sujet en mémorialiste, c’est-à-dire en historienne (fidélité aux sources historiques, récit des grands événements, comme la mort de Henri II).  
La peinture de la Cour semble véritable mais derrière la nécessaire bienséance classique, transparaissent la corruption des mœurs, les rivalités et les passions, qui existaient aussi à la cour de Louis XIV : c’est dans un milieu raffiné et corrompu, où les femmes sont les victimes des jeux de l’amour, qu’apparaît une héroïne extraordinaire et exemplaire par sa vertu. La Cour est présentée comme un univers où les femmes sont constamment mises à l’épreuve et parfois détruites : au-delà du réalisme historique, on trouve une analyse implacable du cœur humain et une vision désenchantée du monde.

La finesse l’analyse psychologique de Mme de La Fayette 

Ce roman est souvent présenté comme le premier roman d'analyse (psychologique) car l'auteur fait une large place à l'analyse psychologique du personnage qui nous livre régulièrement ses pensées et états d'âme.

On est aussi dans un roman d'amour où tous les éléments romanesques traditionnels sont présents : les intrigues politiques et amoureuses, les amants parfaits, les belles dames sans pitié, mais aussi les épisodes comme le portrait dérobé, la lettre interceptée, le malentendu, l’amant dissimulé…

Mais dans le roman, l’amour est présenté comme tragique ; s’il est adultère, il est interdit par la morale, ce qui est une torture pour l’amant/maîtresse ; il ne permet plus à la princesse d’être maîtresse d’elle-même ; il cause la mort de la mère qui craint pour sa fille et du mari qui se croit ou craint d’être trompé. Elle se retire, sacrifie son amour et le Duc de Nemours.  
Mais le roman fait aussi référence à la casuistique, une forme d’argumentation, au départ liée à la religion, qui permet de traiter de certains cas, de situations particulières, pour en étudier leur moralité : ici, plusieurs épisodes ont fait débat : Mme de Clèves devait-elle avouer son amour à son mari ? aller au bal si son amant n’y est pas ?... 


L’intrigue

A la cour du roi Henri II, un cadre somptueux et admirable (cf. incipit), arrive une très belle jeune fille éduquée par sa mère dans la méfiance de la passion et le culte du devoir et de la vertu.

Elle épouse un homme qu’elle n’aime pas, le prince de Clèves, mais qu’elle estime et qui est fou d’elle.

Elle rencontre le plus séduisant homme de la cour, le Duc de Nemours, et tous deux tombent amoureux, mais elle se refuse à trahir son mari auquel elle va confesser sa passion sans dire pour qui, en espérant qu’il accepte qu’elle se retire de la Cour.

Celui-ci, pensant que sa femme l’a trahi, meurt de désespoir. Dévastée, la princesse de Clèves, malgré une scène d’aveu réciproque entre elle et le Duc de Nemours, ne peut accepter de l’épouser à cause du souvenir pour son mari. Elle se retire de la cour pour finir sa vie dans un couvent. 


Dans ce récit principal, sont enchâssés d’autres histoires : celles de Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, de Mme de Tournon, d’Anne Boleyn et enfin du Vidame de Chartres. 

La princesse de ClèvesLa Princesse de Clèves (Marina Vlady) et son mari (Jean Marais) dans le film de Jean Delannoy (1961) 

La rencontre entre le Duc de Nemours et la Princesse de Clèves

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